Quatre ans après les dernières assises, une réévaluation de la situation et le repositionnement de l’industrie touristique djiboutien s’avèrent nécessaires. Et ce afin que le secteur du tourisme puisse relever les défis auxquels il fait face. Les experts internationaux en la matière, le professeur François Vellas et Dominique Verdugo, chargés de diriger les travaux de l’atelier, les opérateurs touristiques des secteurs privé et public, réunis depuis lundi dernier au Palais du Peuple, ont formulé des recommandations propices au développement d’un tourisme durable.
A charge pour les uns et les autres d’élaborer aussi un document qui comporte une série d’orientations susceptibles d’être entreprises. D’autant plus que celles-ci sont conformes aux grandes lignes de la Vision Djibouti 2035 et la SCAPE. Tant mieux dans la mesure où le tourisme permet non seulement d’infléchir la courbe du chômage qui touche les jeunes mais aussi servir de moteur d’une croissance inclusive.
En effet, notre pays, qui accueille environ 50.000 touristes par an, dispose d’atouts naturels exceptionnels et diversifiés avec notamment une faune marine de grande beauté, des paysages géologiques uniques au monde et un riche patrimoine culturel et archéologique.
En connaissance de cause, le gouvernement djiboutien, par le biais du ministère délégué au Tourisme, ne lésine pas sur les moyens pour redonner au tourisme local un regain de dynamisme. Car l’industrie touristique est pourvoyeuse de devises et créatrice d’emplois. Deux motifs qui résument assez le caractère crucial du développement d’un tourisme durable sous les cieux djiboutiens.
Rachid Bayleh
«Le secteur touristique contribue fortement à la lutte contre le chômage dans notre pays »
Hassan Houmed Ibrahim, ministre délégué au Commerce
Dans le monde, le tourisme a connu une croissance quasiment ininterrompue dans le temps, démontrant ainsi sa vigueur et sa résilience. Les arrivées de touristes internationaux ont grimpé de 25 millions dans le monde en 1950 à 278 millions en 1980, puis à 674 millions en 2000, pour atteindre 1 milliard 186 millions en 2015. De même, les recettes du tourisme international engrangées par les destinations à travers le monde ont connu une envolée, passant de 2 milliards de dollars US en 1950 à 104 milliards de dollars en 1980, puis à 495 milliards de dollars en 2000, pour se situer à 1.260 milliards de dollars en 2015. Si j’ai pu insister sur les chiffres du tourisme mondial, c’était dans la perspective de mettre en exergue les enjeux des assises nationales du tourisme. A travers les réflexions communes qui seront menées, se dessineront les réformes structurelles à mener, les actions prioritaires à envisager, et ce, pour que à moyen et à long terme, le tourisme devienne le secteur chef de l’économie nationale. Il convient de souligner que dans certains pays de l’Afrique subsaharienne, le tourisme génère environ 4 à 5 milliards US$ de revenus par an avec la création de milliers d’emplois. Vous n’en disconviendriez pas que des résultats aussi tangibles n’ont pu être atteints sans la prise en considération globale des enjeux du tourisme. A cet égard, la politique du tourisme dans ces pays pionniers relève d’un cadre sectoriel intégré au sein duquel les différents acteurs public et privés se mobilisent pour la mise en œuvre de la stratégie nationale du tourisme. Celle-ci requiert l’intégration des différentes stratégies sectorielles et une meilleure synergie entre les départements ministériels concernés. D’où, la finalité des présentes assises qui est de permettre une réelle prise de conscience de la nécessité de définir et de mettre en œuvre la stratégie nationale du secteur du tourisme à travers les multiples volets comme la sécurité, la santé, la formation professionnelle, l’environnement, l’urbanisme et les développements des infrastructures hôtelières.»
« Djibouti accueille environ 50 000 touristes par an »
Youssouf Moussa Dawaleh, président de la Chambre de Commerce de Djibouti
Comme nous le savons tous, notre pays dispose d’atouts naturels exceptionnels et diversifiés pouvant contenter les touristes du monde entier avec notamment une faune marine de grande beauté, des paysages géologiques uniques au monde et un riche patrimoine culturel et archéologique. Selon les chiffres dont nous disposons, Djibouti accueille environ 50 000 touristes par an. Les activités sont essentiellement basées sur le tourisme d’affaires, drainé par les bases militaires installées dans le pays. Mais, ces chiffres pourraient être multipliés par 10, à l’exemple du Cap Vert, comme il est stipulé dans la vision 2035, à condition tout d’abord qu’une attention particulière soit accordée en priorité à l’augmentation de la capacité d’accueil du pays. En effet, nous avons pu observer lors de l’organisation d’un évènement d’envergure international comme la Foire commerciale internationale le manque d’infrastructures d’accueil à des coûts divers dans la capitale. Les organisateurs sont donc parfaitement en phase avec nous sur cette question puisque le premier thème de discussion de ces assises traitera justement des questions d’infrastructures touristiques. Ensuite, au-delà de cet aspect, des efforts concertés doivent être consentis par l’ensemble des acteurs afin de mettre en place une stratégie de développement du secteur touristique adaptée, c’est-à-dire à même de lever les contraintes majeures qui pèsent sur le secteur et favorable à l’attraction des investissements. En ce qui concerne le secteur privé, il serait opportun de travailler ensemble, depuis les gérants des salons d’accueil ou des espaces de restauration de l’aéroport, jusqu’au taxi, en passant par les vendeurs de babioles, agents de voyage ou hôteliers, pour être non seulement à la hauteur de l’hospitalité légendaire de notre pays, mais pour également rehausser son image, afin d’en faire une destination touristique d’excellence.
« Améliorer l’offre des produits touristiques »
Dominique Verdugo, experte internationale en développement du tourisme
Le projet s’attachera à outiller le gouvernement de Djibouti d’une stratégie nationale de développement du tourisme durable tenant compte du contexte sous-régional et qui permettra, entre autres, de développer des compétences pour améliorer l’offre de produits touristiques, des stratégies efficaces de promotion des investissements et de développement du secteur touristique, en vue de créer des emplois et de contribuer à la réduction de la pauvreté. Le schéma directeur, dont le diagnostic et les premières recommandations seront présentés ce matin, est un plan stratégique destiné à piloter le développement du tourisme durable à Djibouti. En supplément des constats des différentes missions et études, le schéma directeur de développement du tourisme durable de Djibouti s’appuie également sur les engagements et objectifs politiques nationaux et régionaux du gouvernement de la république de Djibouti au travers de trois documents nommément la « Vision Djibouti 2035 », la stratégie de croissance accélérée et de promotion de l’emploi (SCAPE), le schéma directeur du tourisme durable de l’IGAD sur la période 2013-2023. Concernant l’élaboration du schéma directeur, la concertation des acteurs s’est faite au cours de trois missions de terrain successives impliquant les préfectures, les conseils régionaux, les acteurs et partenaires public et privé dans le cadre de discussions sectorielles, organisées pour ces dernières, ici même, au palais du peuple, en octobre dernier.
Enfin, des études quantitatives auprès des opérateurs touristiques et des visiteurs ont permis de mieux comprendre les impacts économiques du tourisme. Toutefois, il nous apparaît important de mettre en lumière, dès à présent, que nous évaluons la contribution du tourisme dans l’économie djiboutienne à un niveau supérieur à celui estimé jusqu’à aujourd’hui, c’est à dire à environ 6% du PIB. Il est intéressant également de souligner que cette contribution peut augmenter significativement à travers de stratégies et d’actions relativement faciles à mettre en œuvre avec la volonté de toutes et tous.
http://www.lanationdj.com/assises-nationales-sur-le-tourisme-pour-un-tourisme-durable-a-djibouti/