Amina Saïd Chireh, docteur en histoire-géographie, est en poste au Centre de Recherche Universitaire de Djibouti (CRUD), elle est aussi la présidente de l’Institut de recherche Indépendant de la Corne d’Afrique (IRICA). Elle fait partie de ces Djiboutiens qui redécouvrent leur pays et qui profitent du week-end pour passer des moments agréables dans certains coins de Djibouti. A travers ce témoignage, elle appelle les Djiboutiens à explorer leur pays, ses richesses et sa beauté.
« D’abord il faut dire que les Djiboutiens voyagent peu. Depuis qu’ils ont quitté la vie nomade et qu’ils se sont installés en ville, ils sont devenus des sédentaires, voire des casaniers. Maintenant que le tourisme s’est développé dans notre pays, surtout avec une clientèle étrangère issue des bases militaires etc., on trouve une infrastructure touristique très intéressante à Djibouti. Il y a un certain nombre de campements (au total 20 campements dans le pays). Bien que la majorité des hôtels soient concentrés à Djibouti-ville, on peut trouver quelques hôtels dans les régions de l’intérieur où on peut loger pour ceux qui n’aiment pas la vie spartiate. Ces infrastructures peuvent nous permettre de profiter des richesses culturelles, faunistique et floristique de notre pays. Cela dit, qu’est ce qui peut inciter les djiboutiens à profiter des beautés de leur pays et à sortir de la ville de Djibouti où ils sont concentrés ? C’est vrai qu’avant, il y avait un problème de temps, le week-end était très court. Donc il n’était pas facile de sortir le jeudi après-midi et de revenir le vendredi après midi. Maintenant, nous disposons d’un week-end de deux jours, ce qui peut faciliter de voyager à l’intérieur du pays et de rentrer sur djibouti-ville soit le vendredi soir, soit le samedi matin très tôt. Cette variable temporelle étant résolue, il existe un autre problème relatif aux infrastructures routières qui sont un peu limitées. D’autant plus qu’il faut posséder un véhicule 4X4 pour se rendre dans certains coins, ce qui n’est pas donné à tout le monde.
En dehors des grandes routes nationale, il ya très peu de routes bitumées à l’intérieur du pays. Par exemple lorsqu’on veut aller au Lac Abbé, après Dikhil c’est essentiellement que de la piste et après As-Eyla, la piste devient très difficile à pratiquer. Pareil pour aller à Assamo qui est à seulement 23 km de la ville d’Ali Sabieh. Donc il faut que ces infrastructures soient construites. Dans le nord, dans la région de Tadjourah, les Djiboutiens peuvent profiter du campement de Bankoualé, du mont Goda où aller à Dittilou. Il ne faut pas oublier aussi qu’il y aura bientôt une route qui part de Tadjourah et qui monte vers Mekeleh en Ethiopie en passant par des endroits touristiques comme Randa, Boli, Dorra. On peut profiter de cette route pour aller en profondeur à l’intérieur du pays.
Pour ce qui est du sud du pays, j’ai été à Assamo où j’avais soutenu un projet de développement local durable allié à un tourisme solidaire. J’ai été aussi au Lac Abhé qui offre un décor somptueux : de vastes étendues arides et silencieuses, incrustées de sel, parsemées d’aiguilles et de pyramides de grès. Au pied des aiguilles bourdonnent des sources chaudes d’où s’échappent avec force des jets de vapeur. Récemment, j’ai été à Obock. Tout a commencé là-bas avec la colonie d’Obock et dépendances. Elle a été un moment la capitale de ce territoire. J’ai visité la maison de Lagarde qui est actuellement en rénovation. Ce qui me frappe quand on va à l’intérieur du pays, c’est surtout le calme. Le paysage est propre et magnifique. On peut profiter du ciel, des étoiles, etc. C’est très reposant de sortir de cette ville, de sa pollution, qu’elle soit sonore ou atmosphérique. J’encouragerai les Djiboutiens à sortir de la capitale pour mieux connaitre leur pays et passer des journées dans des coins paradisiaques. C’est l’occasion d’apprendre la flore, la faune mais aussi un peu d’histoire. »
Propos recueillis par Kenedid Ibrahim